Saga Blockchain (épisode 1) : définition

Aujourd’hui, l’actualité évoque une multitude de termes liés à l’ère numérique qui s’est ouverte il y a plusieurs décennies maintenant. Des termes et concepts tels que blockchain, crypto-monnaies, NFT (pour Non Fongible Token), Metaverse (métavers en français pour désigner un monde virtuel dans lequel les utilisateurs peuvent se déplacer et interagir), avatars (personnage virtuel qu’un utilisateur choisit pour se représenter graphiquement dans un jeu-vidéo ou dans le metaverse par exemple) se côtoient et plus seulement dans la presse spécialisée réservée à une poignée de geeks (personne passionnée par l’informatique, les jeux-vidéos, la science-fiction etc.). 

Pépites Avocats vous propose une saga en plusieurs épisodes pour comprendre ces termes et concepts, et peut-être même en maîtriser les enjeux.

Commençons par le début : la blockchain

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission des informations via le réseau internet. Elle est basée sur une gouvernance décentralisée qui se veut le vecteur d’une confiance numérique (c’est-à-dire entre pairs agissant de la même manière derrière leurs ordinateurs, un peu comme les réseaux peer-to-peer à l’époque des téléchargements – illégaux – de musiques et de films).

En effet, la blockchain est partagée simultanément avec tous les utilisateurs qui « l’animent » tous ensemble, en même temps. Tous les utilisateurs agissent directement sur la blockchain et ont la possibilité d’y inscrire des données mais rien ne peut être effacé. Le mathématicien Jean-Paul Delahaye emploie une image assez parlante : il parle d’« un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible ». 

Chaque bloc de la chaîne contient toutes les opérations qui y ont été enregistrées par des utilisateurs expérimentés (appelés mineurs, un peu à l’image de travailleurs qui s’évertuent à faire fonctionner la chaine par la mise en œuvre de calculs grâce à leurs ordinateurs et leur savoir-faire) depuis le début et sans qu’il soit possible de les effacer, de les supprimer ou de les modifier. Leur date est enregistrée de manière irréversible dans ce bloc. 

Le bloc n’a plus qu’à être lu par les machines ou les mineurs pour s’assurer de ce qu’il contient. 

Les blocs sont ensuite liés entre eux par un procédé cryptographique qui sert à garantir la confidentialité, l’intégrité et l’authenticité des données. Ce procédé transforme une donnée entrante en une suite de chiffres et de lettres, un identifiant numérique unique permettant ainsi de garantir l’authenticité de cette donnée. Ces blocs liés entre eux forment ensuite une chaine de blocs : la blockchain. 

Concernant le fonctionnement pratique, chaque utilisateur qui enregistre (ou plutôt fait enregistrer par un prestataire agissant directement sur la blockchain) un élément sur la blockchain détient deux clés : une clé privée lui permettant de signer sa transaction et une clé publique qui ne peut s’associer qu’à la clé privée. L’utilisation de ces deux clés permet elle aussi de garantir l’intégrité et la sécurité des transactions. Si la clé privée est perdue, la transaction l’est aussi. Il n’y a aucun moyen de récupérer une clé privée. 

Maintenant que l’on comprend un peu mieux la notion de blockchain, il est également intéressant de préciser qu’il existe plusieurs types de blockchain :

–       Des blockchains publiques : elles permettent un accès et une utilisation par n’importe qui depuis Internet. Ce sont des blockchains ouvertes. C’est le cas par exemple de la blockchain qui soutient les Bitcoins, la plus célèbre des crypto-monnaie développée en 2009 ;

–       Des blockchains privées : l’accès et l’utilisation est réservée à certains utilisateurs définis et c’est une unité centrale qui contrôle cet accès. Une blockchain privée est donc moins décentralisée qu’une blockchain publique. 

Les usages 

La blockchain pourrait révolutionner (voire révolutionne déjà ?) de nombreux domaines en décentralisant nos systèmes mais aussi en amoindrissant les coûts (de transaction, d’exécution de contrats, etc.). Plusieurs secteurs pourraient être transformés : les banques et l’immobilier en utilisant la blockchain pour enregistrer et valider les transactions, les assurances pour automatiser les processus de remboursement des primes, le marché de l’art avec les NFT (œuvres d’art numériques ou versions numériques d’une œuvre d’art), les attributions de diplômes etc. Les possibilités sont infinies ! 

Voici quelques exemples choisis pour démontrer comment la blockchain peut être une réelle plus-value dès lors que l’on accepte d’automatiser certains processus. L’entreprise Golden State Foods offre de la visibilité aux entreprises de restauration rapide via la blockchain en leur permettant de retracer l’origine des produits qu’ils utilisent mais aussi en s’assurant que tout au long de la chaîne logistique, les aliments restent à la bonne température afin de garantir leur fraîcheur. 

Dans l’industrie du luxe, on peut penser à la blockchain « Aura » qui permet aux clients de d’authentifier les produits de luxe grâce aux indications quant à la source des matières premières, le savoir-faire, la fabrication et les certificats de transfert de propriété enregistrés dans la blockchain.

Ce ne sont que des exemples et de manière générale, la blockchain permet de réduire les intermédiaires, automatiser les procédures (d’acquisition, de contractualisation, de suivi, d’identification, etc.) et donc de réduire les temps d’exécution et les coûts. 

Les débats autour de la blockchain

Les débats autour de la blockchain sont néanmoins vifs sur plusieurs aspects. Le premier concerne l’identification des acteurs sur la blockchain. Si les transactions réalisées sur la blockchain sont bien authentiques et sécurisées elles ne permettent pas de retracer les parties facilement (il faut pour cela connaitre les adresses des parties et les comparer aux pseudonymes des utilisateurs utilisés lors de la transaction), ce qui peut créer un certain risque notamment en matière de blanchiment d’argent ou encore en financement d’entreprises terroristes. Ceci peut ne pas être compatible avec certains secteurs d’activité, le secteur bancaire notamment, soumis à des obligations très fortes en termes d’identification de leurs clients (Know Your Customer).

Autre dimension en débat concernant la blockchain : son impact environnemental. La blockchain requiert le fonctionnement de nombreux ordinateurs en permanence ce qui engendre une consommation énergétique considérable. A titre d’exemple, une transaction de bitcoin équivaut à 834 000 transactions par carte bancaire en matière de consommation énergétique !

La stabilité de la blockchain et l’absence de réglementation de cette technologie font également débat. 

Ces différents inconvénients sont autant d’arguments pour faire douter de la pérennité de la blockchain ainsi que des systèmes qu’elle véhicule ou véhiculera à court et moyen terme. 

Si vous n’êtes pas encore convaincus du caractère innovant (voire révolutionnaire) de la blockchain et de ses usages, suivez la saga, nous vous parlerons prochainement des crypto-monnaies et des smart-contracts !

Par Audrey DECIMA et Naadiya ZADVAT MANJOO

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